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Jamila s’est quelque peu apaisée en arrivant, avec ses deux enfants, dans la ville côtière de Sour, dans le sud du Liban, dimanche 25 août en début d’après-midi. Dès avant l’aube et jusqu’à la fin de matinée, cette Libanaise de 38 ans, et ses garçons de 6 et 8 ans, ont vécu « une peur indescriptible ». Son village de Zibqine, situé à six kilomètres à vol d’oiseau de la frontière israélienne, a été la cible de frappes intensives. Israël a annoncé avoir mené une opération préventive visant à déjouer l’attaque lancée sur son territoire, dimanche, par le Hezbollah en réponse à l’assassinat de son chef militaire, Fouad Chokr, à Beyrouth, le 30 juillet.
« On n’a jamais eu aussi peur. Le village avait déjà été bombardé depuis le début de la guerre [en octobre 2023], mais c’est la première fois que les Israéliens bombardaient aussi intensément », raconte Jamila, coiffée d’un voile noir et vêtue d’un jean et d’une chemise longue. Les bombardements ont commencé vers 3 heures du matin et se sont poursuivis, par intervalles, jusqu’à 11 heures. « Il y a eu une phase très intense pendant une heure, une heure et demie. Des bouts du plafond de la maison sont tombés. Des incendies se sont déclarés dans les champs qui entourent le village. Tout était en flammes », poursuit la mère de famille.
Jamila était l’une des dernières à être restée dans le village de Zibqine. « Tous nos voisins sont partis depuis longtemps », poursuit-elle. Il lui était impossible d’aller se réfugier chez des proches. Sa famille est de Majdal Salem, un village régulièrement bombardé. Elle est venue chercher refuge au centre d’accueil d’urgence de l’Union des municipalités de la province de Sour. Elle compte rester une nuit dans l’une des cinq écoles mises à disposition par la municipalité de Sour pour les déplacés du Liban sud. « On avisera demain s’il est possible de rentrer », dit-elle.
Dans l’école, une dizaine de volontaires sont mobilisés pour accueillir une nouvelle vague de déplacés dans le sud du Liban. Dimanche, en début d’après-midi, 36 familles, soit un total de 150 personnes, s’étaient déjà présentées au centre, la plupart arrivées de localités bombardées le matin comme Zibqine, Yater, Bint Jbeil… « C’est le nombre de personnes que nous avons reçues en quatre heures. C’est beaucoup. Dans une journée normale, nous enregistrons trois, quatre familles », dit Mortada Mehenna, chargé de la cellule d’accueil d’urgence pour les déplacés.
Depuis octobre 2023, ce centre a enregistré 28 000 déplacés, qui sont accueillis dans les écoles ou dans leurs familles. D’autres déplacés sont à Marjeyoun, Nabatiyé, ou Beyrouth. Au total, l’Organisation internationale pour les migrations recense 102 000 déplacés du Liban sud. Samia, 39 ans, et sa sœur de deux ans sa cadette, vivent dans une école de Sour depuis huit mois. « Mon village, Blida, est totalement détruit. Ma maison est au sol. On dénombre 28 martyrs. Vivre dans l’école est difficile mais on fait avec, sauf les douches qui sont cassées. Le Hezbollah donne à chaque famille déplacée 200 dollars [environ 180 euros] par mois », assure cette femme.
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